Les lettres oubliées de Kim Fielding

William, en instance de divorce, arrive à l’Asile d'Aliénés de Jelley's Valley pour en devenir le gardien. Il a bien l’intention de faire le point sur sa vie, finir sa thèse et découvrir quel homme il peut être ; l’hétérosexualité a été un échec, mais l’homosexualité n’a jamais été une possibilité. Jusqu’à ce qu’il tombe, en faisant sa ronde, sur une boite en fer contenant des lettres ignorées du monde depuis plus d’un demi-siècle.

Elles ont été écrites par Bill, jeune homme interné soixante-dix ans plus tôt, à une époque où l’homosexualité est une maladie qui doit être soignée par tous les moyens. De lettre en lettre, William découvre Bill, sa force, son courage, ses épreuves. De ces témoignages et sa rencontre avec Colby, gay, lumineux, ouvert et profondément gentil, il tire la force de faire la paix avec lui-même.

Le bonheur semble enfin à portée de main. Ils doivent simplement se laisser une chance.

The tin box est un récit vraiment émouvant où passé et présent se croisent, où deux histoires se font écho  et dont l'ambiance m'a rappelé un autre roman de l'auteure, Rattlesnake .

Après l'échec de son mariage, William débarque dans un coin isolé de Californie, Jelley's Valley, pour s'installer dans les bâtiments d'un asile désaffecté  dont il est le nouveau gardien. Il s'agit de l'endroit idéal pour achever sa thèse dans le calme. William ne tardera pas à découvrir que ce lieu a bien des secrets à dévoiler quand il découvre une boîte en fer renfermant des lettres écrites par un certain Bill et  dont la plus ancienne date de l’année 1938.  
Mais ce fantôme du passé ne sera pas le seul à venir bouleverser le quotidien de William, sa rencontre avec Colby, qui s’occupe de l’épicerie/bibliothèque/poste de ce trou perdu apportera un peu de piment dans sa vie et viendra rompre sa solitude.

Le cadre du roman, un ancien asile, pourrait faire penser à un livre pesant, angoissant mais ce n’est absolument pas  le cas. J’ai par contre ressenti toute la tristesse de ces lieux, imprégnés du souvenir de ceux qui les ont habités. Et, je trouve que l'auteure a effectué un travail formidable en mêlant habilement passé et présent ; en choisissant de mettre en lumière sujet si difficile.

Mes débuts avec William ont été difficiles, il faut dire qu’au départ c’est un homme renfermé, pas vraiment agréable et, comme le fait remarquer si subtilement Colby, avec un balai dans le c.. . Mais au gré des pages et de son évolution, je me suis mise à mieux le connaître et à l’apprécier énormément. Il prend une envergure insoupçonnée et le lien qui le lie à Bill est tout simplement magnifique. Quant à Colby, et bien ce personnage est parfait pour l’équilibre du roman. Sa personnalité lumineuse et si pleine de vie, sa gentillesse et son côté exubérant apportent de la gaieté, ce qui évite à l’histoire de sombrer dans le déprime (et nous avec…). Mais Colby est aussi un homme très seul qui laissera entrevoir sa vulnérabilité…

J’ai aimé suivre l’évolution de leur histoire d’amour même si ces deux hommes m’ont fait lever les yeux au ciel dans la dernière partie du roman, mais on leur pardonne car la maladresse dont ils font preuve est compréhensible et aussi très attendrissante.  

Bill est sans conteste le personnage le plus touchant, je n'ai pas pu m'empêcher de verser des larmes à la lecture de ses mots couchés sur le papier et surgis du passé. Même si le sort réservé aux patients des asiles à l’époque est bien connu, cela reste très éprouvant d'être confronté à ce qu'ils ont enduré. Mais au-delà de la douleur, le courage et l’espoir qui se dégagent des lettres forcent l’admiration et l’on comprend sans mal l’impact de ces écrits sur William. Et c'est si beau de voir Bill "aider" William à franchir un cap important dans sa vie.

Un livre à l'atmosphère singulière et où l’émotion culmine lors du dernier chapitre, magnifique.