Diablo de Patricia Potter

Refuge des bandits et des desperados, le Sanctuaire ne figure sur aucune carte. Pourtant, la ville existe bien à flanc de montagne, veillée en permanence
par une armée de guetteurs chargée d'éliminer les intrus. Pour accéder à cette cité du crime, Allan O'brien, surnommé Diablo, a dû payer une fortune :
Nat Thompson sait monnayer la protection qu'il accorde aux hors-la-loi ! Son nouvel hôte s'est évadé de prison et tout le Texas est à ses trousses. Une
bonne affaire ! Le Sanctuaire recèle bien des surprises. Comme cette fascinante jeune fille contre laquelle se heurte Diablo à son arrivée ! De grands
yeux couleur chocolat, une chevelure châtain coupée court, un corps adorable dissimulé sous des vêtements d'hommes. Un courant passe entre eux, si vif
que Diablo sursaute. Mais lorsqu'il tend la main vers elle, Nat Thompson s'interpose : Pas touche ! C'est ma nièce. Ici, on la respecte ! Un avertissement
que Diablo a bien l'intention de transgresser…

Une très belle surprise que ce roman ; d’autant plus agréable qu’inattendue. Je ne connaissais pas du tout le style de Patricia Potter, bien qu’ayant nombre de ses écrits dans ma PAL ; et c’est heureux. Ce livre m’ayant totalement convaincue de son talent, je n’hésiterai désormais plus à me lancer dans un autre de ses romans.

Nous sommes en 1867, au Texas. Condamné à la pendaison, Alan O’Brien, hors-la-loi depuis la fin de la guerre, patiente dans sa cellule en attendant son exécution. Son seul regret est d’avoir entraîné dans sa chute Davy, son meilleur et unique ami depuis l’enfance ; le seul à l’avoir jamais sincèrement aimé et protégé.
Alan est rongé par les remords et la culpabilité, en songeant que Davy mourra par sa faute, abandonnant par la même sa femme et son jeune fils. C’est dans ces funestes circonstances qu’il reçoit la visite de Ben Masters, shérif, et ancien Yankee de son état ; d’emblée haï et méprisé par Alan. D’autant plus haï quand Ben raconte à Alan que ce dernier lui a sauvé la vie durant la guerre, et que c’est à cause de cet acte de bonté qu’il s’est fait capturé par l’ennemi, et emprisonné dans un camp durant de longs mois.

Considérant qu’il a une dette envers Alan, Ben lui propose alors de le faire évader, et, en échange, celui-ci a pour mission de découvrir, et de situer le Sanctuaire : un repair de hors-la-loi, parmi les plus recherchés, situé dans le territoire Indien, et absolument impossible à localiser sur la carte.
A ces seuls conditions, Ben consentira à épargner la vie de Davy. Alan n’a donc pas le choix : il ferait n’importe quoi pour sauver son ami, dut-il le payer de sa vie.

Une fois évadé, Alan parvient sans peine à se faire escorter jusqu’au Sanctuaire ; sa réputation de hors-la-loi recherché dans quatre états plaidant clairement en sa faveur. Une fois sur place, il découvre un univers bien éloigné de ce qu’il imaginait, et, surtout, il fait la connaissance de Nicky Thompson, qui n’est autre que la nièce du patron et fondateur du Sanctuaire, Nat Thompson.

Cette rencontre va, d’entrée de jeu, brouillée toutes les cartes que Alan pensait à sa portée. Nicky lui inspire des sentiments jamais éprouvés, et malgré ses efforts pour garder ses distances, il s’attache de plus en plus à elle.

Nicky, de son côté, est tout de suite subjuguée par Alan ; et, en dépit de son serment de ne jamais s’éprendre d’un bandit – à l’instar de sa mère qui y a laissé la vie -, tombe définitivement amoureuse de lui.

Dès lors, tout se complique pour ces héros, déjà durement malmenés par la vie. Comment Alan pourrait-il se résoudre à trahir la seule femme qu’il ait jamais aimé ? Mais alors, comment continuer à vivre avec la mort de Davy sur la conscience ?
Et Nicky: comment envisager de vivre aux côtés d’un homme dont la tête est mise à prix ? Elle qui, confinée au Sanctuaire depuis l’enfance, n’aspire qu’à s’en échapper, à découvrir le monde extérieur ; et, surtout, à soustraire Robin, son jeune frère, à l’influence néfaste des hors-la-lois qui l’entoure... Comment sacrifier tout cela au profit d’un criminel, d’un bandit ?

C’est là toute la trame de ce récit palpitant, qui vaut véritablement le détour. Patricia Potter a su construire un scénario original - mais pas tant que cela -, pourtant, j’ai été en haleine tout du long.
Les personnages sont d’une profondeur poignante, et leurs attitudes, leurs choix, leurs réactions... sont parvenus à me toucher et à m’émouvoir.

L’auteure a su tirer les fils d’un entrelas d’événements imprévus et de décisions impossibles, jusqu’à l’épisode final, improbable et magnifique.
J’ai par conséquent eu un énorme accès de frustration en découvrant que ce titre était le premier tome d’une série qui en compte trois. Le deuxième tome porte justement sur Ben Masters, le marshal de ce roman, dont on pressent déjà ici les prémices. Il est regrettable que les éditions J’ai lu ne se soient pas donnés la peine de la traduire dans son intégralité.