Rose Morte - Tome 2 : Trois épines de Céline Landressie

Rose Morte
Tome 2 : Trois épines
de Céline Landressie

Spoiler:

Alors que la révolte gronde aux quatre coins de la France, Rose est rappelée de la cour de Russie. De retour aux côtés de son mentor, elle découvre que la situation vacille également dans l’univers occulte d’Artus.
Les Arimath doivent faire face à de sauvages attaques sur leurs terres, tandis que la grogne contre la noblesse croît d’instant en instant parmi le peuple. Entre la révolution naissante et les prémices d’une guerre au sein du monde obscur, les bouleversements dans l’existence de Rose s’annoncent cataclysmiques. Leurs conséquences risquent fort de faire sombrer en un même chaos les existences des humains aussi bien que des immortels...

Le 1er tome de Rose Morte, La Floraison, a été pour moi un coup de cœur, j’étais donc impatiente de lire ce second opus, mais j’avais quelques appréhensions, et oui...la peur d’être déçue, forcément. Mais quelle erreur ! Trois Epines est une merveille nichée dans un superbe écrin (réalisé par la talentueuse Magali Villeneuve).
Alors je vous préviens, ce livre m’a remuée, bouleversée, chavirée donc je vais m’épancher un petit peu plus qu’habituellement...

Dans ce tome, nous voilà transportés en 1789. Près de deux siècles se sont écoulés depuis que Rose a croisé le chemin du mystérieux comte de Janlys et l’a rejoint dans son univers occulte. Après 10 ans d’absence passés en Russie, Rose se présente devant son mentor, mais  ces retrouvailles sont loin d’être chaleureuses. D’autant plus que Rose est accompagnée d’un prince russe, Vassili Golitsyne...
Ce cher Vassili...comment lui rendre justice ? Cet homme réussit le formidable exploit de soutenir la comparaison avec le comte, l’ego d’Artus  va être  sacrément malmené  et pour le lecteur c’est jouissif, n’ayons pas peur des mots !

Un livre rare et précieux dans lequel j’ai retrouvé cet univers crépusculaire mais ô combien enivrant qui m’avait conquise dans le 1er tome . L’écriture est toujours aussi riche et subtile se mariant parfaitement à l’époque. Alors oui, la lecture est exigeante dans le sens où le lecteur doit apprendre à lire entre les lignes, à décrypter les attitudes, les paroles afin d’obtenir les réponses aux nombreuses interrogations qui se glissent dans son esprit et ce dès les premières pages.
Si le 1er tome prenait le temps de nous ouvrir les portes d’un nouvel univers, le récit de 3 Epines est plus rythmé, sans temps mort. Entre luttes de pouvoir et tourments amoureux, de multiples intrigues s’entremêlent. Le lecteur est retenu captif tout simplement...
Les émotions se succèdent, rien n’est épargné aux personnages : colère, désir, passion, souffrance, tristesse, désespoir, mais aussi de l’amour tant d’amour. Ce qui suit n’est pas très élégant ( j’en suis désolée) mais cela m’a pris aux tripes !

Il est temps d’évoquer ces personnages, difficile de trouver les mots... La flamboyante et fabuleuse Rose a gagné en expérience, elle est si forte et pourtant derrière les apparences se cache une blessure, une si douloureuse blessure. Artus est toujours aussi charismatique, une créature pour laquelle on se damnerait. Mais là aussi, rien n’est si simple car il est tellement plus et quand il perd un peu de son contrôle, les vapeurs ne sont pas loin! Vassili fait une apparition remarquée et parfaitement réussie, il est renversant... Cette beauté glacée, sous laquelle le feu couve, rivalise sans peine avec notre merveilleux comte français. Le prince est la perfection incarnée, digne, loyal et si plein de retenue. Vassili n’est pas un bavard mais quand c’est le cas, il peut frapper fort, très fort...
La magie d’un livre, c’est que parfois, on se prend d’une infinie affection pour un personnage, sans trop savoir pourquoi finalement...Ce fut mon cas avec Adelphe dans le 1er tome. Je l’ai retrouvé avec bonheur mais sans le reconnaître, lui si bienveillant et solaire est ici sombre, distant, fuyant, désemparé et là c’est l’incompréhension totale. Et puis, progressivement et toujours guidée par l’auteur, j’ai ouvert les yeux et tout s’est éclairé.

Spoiler:

Mon Adelphe je l’aimais déjà si fort,  mais là plus encore....
Ce quatuor m’a habitée une fois le livre fermé, les personnages ne sont jamais restés éloignés de mes pensées. Ils m'ont terriblement touchée , chacun d’une façon différente, ils m’ont marquée de leurs empreintes. Lire les dernières pages a été un déchirement,  c’est avec une grande tristesse que j’ai quitté ces personnages que j’aime tant. Je n’ai qu’une hâte : les retrouver !

Ce livre et donc un véritable coup de cœur, il m’a transportée de la première page à la dernière page. Un grand merci à Céline qui a su donner vie à cet univers et à ces personnages si fascinants.

        /5

Afin de vous faire découvrir l’exquise plume de l’auteur, je ne peux m’empêcher de vous présenter le prélude de ce roman qui prend la forme d’un bien beau poème.

Après une lecture du premier qui m'avait emportée, c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai entamé ce deuxième tome. Je n'avais pas peur que la qualité ne soit pas au rendez-vous, j'avais juste peur de ne pas replonger dedans avec la même passion. Autant le dire de suite, cette peur a été balayée sitôt la lecture commencée.

200 ans se sont passés depuis que nous avons quitté nos héros, nous sommes en 1789, la grogne s'amplifie en France. Rose, envoyée il y a 10 ans par Artus à la cour de la Reine Catherine a Saint-Pétersbourg, y vit recluse et sans aucune nouvelles de son mentor. C'est donc une femme bafouée, trahie, et en proie à un chagrin dont la force n'a d'égale que la persévérance dont elle use pour le cacher, que nous retrouvons.
Pour tromper son ennui et sa solitude pendant ses années d'exil, elle a engendré un serviteur Arimath en la personne du prince Vassili Golytsine. 
Pendant ce temps-là, une menace de plus en plus grande se fait sentir chez les Arimath, et Artus rappelle donc son infante à ses côtés. De complots en coups montés et autres manigances, la tension monte de plus en plus dans le bouquin pour finir en apothéose, et avec la promesse de voir venir quelque chose de plus dangereux encore dans le 3.

J'avais déjà évoqué le style littéraire incomparable de l'auteure pour le premier, et force est de constater que Celine Landressie manie également le langage châtié et courtois du 18ème comme s'il s'agissait d'un ustensile de la vie quotidienne. Changement d'époque oblige, nous avons droit à une description d'une nouvelle garde-robe, de nouveaux atours, de nouvelles références historiques... Un pur voyage dans le temps.
Mais au delà de ça, les personnages aussi semblent avoir été façonnés et modifiés par les aléas du temps.

Rose a bien mûri depuis la fin du premier, elle s'est affirmée, a acquis une certaine maîtrise dans l'art d'être une Arimath, tout comme dans l'art de cacher cette condition.
Mais elle est surtout en proie à une rage de surface, dont la seule source est la tristesse d'avoir été évincée et exilée par son maître (et grand amour) il y a 10 ans. Elle reçoit donc la lettre lui demandant de revenir comme une douche froide, et hésite même à le faire.
Les retrouvailles avec Artus sont donc pour le moins explosives et tendues. De non-dits en faux-semblants, de répliques acerbes en règlements de compte acides, on assiste à des joutes verbales absolument incroyables.

Artus n'a rien perdu de sa superbe et de son charisme, mais n'est plus cet homme dévoué a son infante, il est distant, préoccupé, fermé, et rayonne surtout par son mépris envers ses congénères Arimath, envers Rose et Vassili, envers son frère... Bref envers tout le monde. (Mais patience, tout finit par avoir une explication...)

Vassili, le nouveau venu engendré par Rose, prince de la cour de Russie, d'une froideur apparente, est un monstre de finesse, de respect, de beauté, et de mystère. Il s'attire les foudres des frères de Janlys qui ne savaient rien de son existence, et a bien du mal à faire sa place au sein de la maison. Mais ça n'est pas pour autant qu'il dépeint dans ce quatuor, bien au contraire! Il est précisément ce qu'il manquait au trio: une main de fer dans un gant de velours et sous un masque de beauté froide. Si l'on n'a pas encore trouvé de personnage phare dans le premier, l'ajout de Vassili apporte le brin de variété qui ne manquera pas de faire fondre les plus récalcitrantes.

Ça n'a été un secret pour personne que mon coup de coeur avait été Adelphe, et je me réjouissais de le retrouver. Et quelle douche froide j'ai pris!!
Le Adelphe généreux, souriant et paternaliste a fait place à un autre fermé, tourmenté et fuyant. De son amitié avec Rose, il ne reste quasi rien... Impossible de me résoudre à la détester, j'ai donc pris mon mal en patience. Mais toute réponse se mérite dans ce livre, et il faut avoir l'oeil un peu aguerri pour capter les quelques bribes d'indices laissés par l'auteure pour indiquer au lecteur le pourquoi du comment.

Spoiler:

Et je ne pensais pas ça possible, mais SI!!!!: j'aime ce personnage encore plus maintenant qu'avant!!! Il est.... Aucun superlatif ne pourrait lui convenir je crois... Il est unique!

Je ne parlerai volontairement pas de la trame de l'histoire, car il est très facile de spoiler sans le vouloir, tant cet univers est riche, complexe et rempli d'apparences qui peuvent s'avérer trompeuses.
Mais je peux dire que les 100 dernières pages du livre m'ont laissée dans un maelström d'émotions et de sensations intenses (et j'ai appris quelques bribes du passé de la fratrie d'Holival avec un plaisir non dissimulé!)
Enfin, l'épilogue, digne des meilleures apothéoses littéraires, m'a faite ni plus ni moins pleurer (moi qui n'ai jamais eu la larme facile, c'est donc un signe d'extrême qualité!). Pour ceux qui n'auraient pas saisi les indices concernant Adelphe, la révélation vient lors de cette partie finale du livre.
Comment rendre hommage à ces 4 pages et demie du livre sans les affadir? Disons qu'il s'agit là de la partie la plus poignante, belle, triste, profonde (...) de ce livre, qui m'a procuré tristesse, frissons, mais surtout larmes!...

Bref, c'est donc officiel, ce livre rejoint le panthéon de mes livres préférés et intemporels.
Artus, Rose et Adelphe iront côtoyer Julien Sorel, Harry Potter, l'Enchanteur et la Nuit des Temps de Barjavel, et les tout fraîchement arrivés Gabriel Emerson et Harry Québert (et quelques autres) dans ce lieu de rendez-vous de mon élite littéraire (mais il restera à part pour les larmes qu'il m'a tirées). Il ne sera que le deuxième livre à qui j'attribuerai la note maximale depuis ma venue sur le forum (oui, je ne donne pas comme ça mon 5/5!)

Merci encore à Isatis pour cette incroyable découverte, que je me suis dépêchée de faire découvrir autour de moi (j'ai déjà fait une victime!). Je ne pense pas pouvoir te rendre la pareille en terme de qualité de livre à te conseiller un jour, mais j'y travaillerai!

Merci évidemment à Celine Landressie. Si vous avez pensé une minute que ce second tome n'équivalait pas le premier, dites-vous que vous avez eu raison, parce qu'il le surpasse. Même si l'attente sera comme une agonie pour vos lecteurs, ne vous pressez pas d'écrire le troisième, prenez le temps de nous faire rêver encore et de nous surprendre encore.

Ma note: 5/5 (qui pourrait être celle de toute la saga!)

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager une simple description made in Céline Landressie, qui prend de suite des allures de poésie moderne.

Le tome 1 m'avait scotchée, et voilà que le tome 2 m'a encore plus soufflée, subjuguée ... Après une telle "expérience" littéraire, il est difficile de mettre des mots sur mes sentiments et mes émotions. Quelle merveille ce livre !

Le ton est donné dès la page de garde avec un sublime poème qui m'a chamboulé.
Le roman s'ouvre sur un prologue où l'on retrouve une Rose en Russie, loin de Boissy et des frères d'Holival. La pauvre est bien solitaire après 10 passés là-bas, mais elle revient en France dès le chapitre 1.

Son retour ne se fait pas sous les meilleurs auspices. Non seulement la révolte gronde sur le territoire français (nous sommes à la fin du printemps 1789), mais elle est accompagnée d'un prince slave. Vassili n'a rien à envier à Artus, bien au contraire ! Ce nouveau personnage va fragiliser l'équilibre du trio Artus/Rose/Adelphe de bien des manières, équilibre déjà mis à mal 10 ans plus tôt par le départ de la jeune femme.
Je l'ai aimé ce Vassili, il fait preuve de tant de douceur et de prévenance à l'égard de Rose, sans être pour autant le "toutou" qui siérait pourtant à son rang. C'est un personnage plein de pudeur et de retenue, un homme passionné et loyal, calme en apparence mais dont on sent qu'il suffit d'un rien pour l'enflammer.

Petite et grande histoire se rejoignent donc, puisque ce roman est placé sous le signe des guerres fratricides : d'une part la révolte française qui voit le Tiers-Etat s'en prendre aux Nobles, et conflits en tout genre au sein du mystérieux clan des Arimath et consorts. La tension court d'un bout à l'autre du livre, explose parfois sous forme d'épisodes bourrés d'action et de tension, pour finir en apothéose en une bataille quasi-mythologique. Cette bataille porte en elle les germes d'un troisième tome, et l'on devine déjà un formidable combat au sein de tous ces clans, dont l'issue semble incertaine et chaotique.

Ces épisodes apportent beaucoup de rythme au récit, et viennent s'entrecroiser avec des passages plus propices aux émotions et à l'introspection. En effet, ce tome est aussi placé sous le signe de la passion amoureuse, du tourment, de la trahison, de la remise en question... Les personnages souffrent, et le lecteur ne peut que souffrir avec eux tant l'auteur est habile. Leurs émotions, leurs tourments, leur fragilité ... rien ne nous échappe.

Adelphe ... J'avais craqué pour lui dans le premier tome, il était si doux, si solaire ! Dans ce tome, il change de manière spectaculaire, de solaire il devient crépusculaire. En permanence sur le fil, il m'a bouleversée, remuée aux tripes. Comme Rose, j'ai été désemparée par cette transformation radicale, j'ai essayé de le comprendre, j'ai espéré quelque chose, j'ai retenu mon souffle et j'ai finalement été exaucée. C'est pour moi le plus beau personnage de cette série !

La subtilité dont fait preuve l'auteur ne s'arrête pas à Adelphe mais concerne bien le livre dans son ensemble. Avec elle il faut lire entre les lignes, ne pas s'arrêter au superflu et aux apparences mais bien suivre son coeur et ouvrir grands les yeux.
Sa plume est toujours aussi riche et subtile. Elle se coule à la perfection dans le style qui sied à l'époque, alternant passages riches en descriptions et en langage "d'époque" et style plus moderne dans les passages où l'action est au rendez-vous.

Ce tome (et plus globalement la série) restera dans le panthéon de mes livres : c'est un vrai coup de coeur, un vrai bonheur, un bijou qui mérite d'être connu et reconnu, et il me faut une fois de plus saluer l'indiscutable talent de l'auteur !

          /5