Le cirque des rêves de Erin Morgenstern

« Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors qu’hier il ne l’était pas. »

Bienvenue au Cirque des Rêves.

Date de parution : 10 octobre 2012
chez Flammarion (21€)

Trailer :

Que dire de ce roman, sinon qu'il est étrange, envoutant... Mais aussi troublant.
J'ai souvent été confuse durant ma lecture, tout en étant fascinée. J'avais l'impression d'être dans le fameux labyrinthe du cirque.

Bienvenue au Cirque des Rêves, où la réalité flirte avec les illusions.
L'histoire semble très complexe, mais une fois que l'on referme le roman, le jeu funeste qui a enfermé les protagonistes parait presque simple.
Ce qui m'a le plus troublée dans ce livre, ce n'est pas le style. C'est sa construction. On va, on vient à travers le temps. Au départ il a fallu que je m'accroche pour ne pas me perdre dans les méandres de l'histoire.
Puis, je n'ai pas réussi à lâcher le livre. Il fallait que je sache, et chaque fois que l'on retournait en arrière, ça me torturait de ne pas continuer dans le présent. Et en même temps, quel est le temps présent dans l'histoire ???

Tout commence avec Prospero, un magicien de renommée mondiale, à la fin du XIXe siècle. On lui présente un jour une petite fille, sa fille en fait. Elle montre aussi un certain talent pour manipuler la réalité. Il se met donc à l'entrainer pour qu'elle développe son potentiel naturel. Il est cruel avec elle, exigent.
Il la présente à un homme en costume gris qui va lier le destin de Celia à celui d'un adversaire, un petit garçon. Cet homme en costume gris est, tout comme son père, capable de manipuler la réalité. Chacun des hommes va former un élève, et ces deux enfant seront voués à participer au Jeu. Un Jeu complexe de contrôle et de Chaos où chaque participant devra montrer son talent. L'arène de ce Jeu ? Le Cirque des Rêves, qui va mettre des années à voir le jour, le temps que Celia et Marco soient prêts.

Marco et Celia ne peuvent échapper au Jeu. Ils n'ont pas de vie. Celia devient l’Illusionniste du Cirque, le fait vivre grâce à son contrôle de l'intérieur, le fait voyager. Marco quant à lui le contrôle depuis Londres.

Nous voyageons donc dans l'espace et le temps, nous observons ces enfants grandir, puis manipuler le Cirque, appréhender la compétition. Nous les voyons se rencontrer, interagir à distance, toujours à travers le Cirque. Ce dernier est vraiment l'essence du roman. Il est beau et horrible, témoin et acteur silencieux des malheurs de Celia et Marco.

C'est difficile d'expliquer sans tout dévoiler. Déjà j'en ai trop dit ! Et pourtant je n'ai fait qu'effleurer l'histoire. Le roman est riche, et la construction aléatoire ne fait que renforcer sa richesse.

Pourtant, je n'ai pas adoré. J'ai trouvé que c'était très lent. Compréhensible vu l'histoire, mais lent tout de même. ça manquait de panache. La romance elle-aussi est assez plate. On la voit naître, on la voit au stade où elle n'est qu'ébauchée, mais elle manque de passion.
Tout est blanc et noir, à l'image du Cirque. J'aurais aimé une touche de couleur, un peu de feu pour briser la glace.

Un roman très sympa, bien fait, mais il manquait quelque chose pour satisfaire complètement mon esprit de rêveuse. Car j'ai trouvé la fin très triste et désespérée, assez bizarrement d'ailleurs.

Juste un dernier détail, je trouve le livre en lui-même vraiment beau. La couverture est superbe, le roman sent les vieux livres, et puis la tranche touche donne du charme à tout ça. Un roman agréable à manipuler, autant que le sont les héros !

Énorme coup de cœur pour ce livre hors du commun, au style et à l'univers incroyables.

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en me plongeant dans ce roman, et pourtant dès les premiers pages j'ai accroché. "Plonger" est le bon mot pour décrire ce que j'ai ressenti. J'ai été totalement immergée par ce monde onirique, par ce cirque fabuleux et ses personnages hauts en couleurs.

Le style de l'auteur est exceptionnel. On alterne entre différents personnages, entre différentes périodes, avec toujours comme point de repère le cirque et tous ses chapiteaux parfaitement décrits. Cet endroit magique, à la fois terriblement beau et terriblement triste, lieu de combat entre deux magiciens qui n'ont pourtant rien demandé. Forcément, j'ai trouvé pas mal de similitudes avec Le Prestige, ce film de Christopher Nolan que j'avais adoré.

Je me suis laissée totalement emportée par l'histoire, par cette atmosphère très mystérieuse qui se dégage du roman. Même les chapitres racontés du point de vue des personnages secondaires étaient intéressants, car tout aussi riches. Et que dire de Célia et Marco ? Les voir lentement évoluer, se rencontrer, pour finalement s'aimer, c'était très fort.

L'auteur prend son temps, certes, mais c'est aussi ce que j'ai apprécié dans cette histoire. Rien n'est précipité, on est vraiment comme dans une partie d'échecs géante, où les protagonistes mettent tranquillement leurs pions en place. De nombreuses choses nous échappent pendant notre lecture, mais il suffit de se laisser porter par la plume de l'auteur, ce qui n'est pas très difficile. L'intrigue est complexe pourtant, mais très bien construite, et vraiment originale.

Il est très difficile pour moi de décrire ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman. J'ai été happée par son univers fantastique, où le rêve côtoie sans arrêt la réalité. J'y pensais souvent comme les fameux "Rêveurs" pensent au cirque. Je tournais les pages sans même m'en rendre compte tant j'avais envie de connaître la fin, mais en même temps je n'ai pas précipité ma lecture, car je voulais le savourer. Et j'en ai apprécié chaque page.

Bref vous l'aurez compris ce fut un vrai coup de foudre littéraire pour moi. C'est un roman que je suis ravie d'avoir découvert enfin, que je compte chérir tout particulièrement dans ma bibliothèque, et qui me marquera pendant très longtemps, j'en suis sûre.