Histoires de Survivants - Tome 1 : Aaron de J. P. Barnaby

Résumé:

Deux ans après une terrifiante nuit de douleur qui a détruit son existence normale d’adolescent, Aaron Downing se cramponne toujours à l’espoir qu’il redeviendra, un jour, un être humain pleinement apte. Mais son existence reste une chaîne constante de cauchemars, flash-back et peur. Lorsqu’on lui impose, au cours de son premier semestre à l’université, Spencer Thomas pour son projet de programmation, Aaron décide que peut-être il voit trop grand en visant la ’normalité’. S’il pouvait juste apprendre à contrôler sa peur, cela suffirait peut-être à lui permettre d’exister à nouveau.

Après avoir entendu ses parents parler de le placer, de le sacrifier pour protéger ses frères, Aaron se désespère de trouver une solution pour réparer ses dommages psychologiques ou même pour simuler la normalité. Son nouveau psy réussira-t-il à contrôler assez longtemps ses propres démons pour l’aider ou aggravera-t-il seulement les dégâts déjà existants ?

Aaron essaye désespérément de comprendre ce qui l’attire chez Spencer et il s’agrippe, dans le même temps, de toutes ses forces à sa santé mentale qui menace d’échapper à tout contrôle.

Un premier tome qui m'a réellement remuée tant son contenu et ce qui est arrivé à Aaron est de l'ordre de l'insoutenable. 

Depuis la violente attaque dont il a été victime deux ans plus tôt à l'âge de seize ans, la vie d'Aaron n'est plus qu’obscurité, peur, colère et solitude. Jeune garçon autrefois confiant, sociable et heureux de vivre, sa vie ne se résume plus qu'à un véritable cauchemar éveillé. Ses traumatismes rythment désormais son existence et l'emprisonnent dans une spirale qui le fait peu à peu sombrer dans la folie. 

Effondrements psychotiques, terreurs nocturnes, stimuli visuels, tactiles et auditifs lui provoquant de terribles flash-back ainsi que des crises de panique sont devenus son lot quotidien, à lui et à sa famille. 

L'auteure introduit le lecteur directement dans la tête d'Aaron au moment de ses flash-back, nous faisant revivre avec lui l'horreur de ce que lui ont fait subir ses agresseurs. Être le témoin impuissant de sa frayeur et de sa douleur lors de ces épisodes de torture a forcément rendu le texte plus percutant, mais ça a été difficile, très difficile à lire pour ma part. 

Son attaque a laissé des stigmates sur son esprit mais également sur son corps horriblement marqué et qu'il ne supporte plus ni de regarder, ni de toucher. Il se sent socialement retardé, anormal, et estime être à jamais un fardeau et une source de honte et d’inconfort pour ses parents et ses frères. Sa famille le soutient comme elle le peut, mais la situation est très compliquée et chacun souffre pour ce fils ou ce frère qui n'est plus le même depuis l'attaque et qu'ils voudraient pouvoir aider et retrouver. 

Aaron se soigne par l’oubli, cachant ses problèmes derrière un lourd régime médicamenteux, et déteste ça. Son traitement le drogue et le fait sombrer dans une sorte d’animation suspendue le rendant incapable de se déplacer ou de penser, plongeant ainsi son esprit dans un brouillard artificiel bienvenu et apaisant. Il a une très mauvaise estime de lui, se sentant lâche, faible, et insignifiant au regard des autres, et s'en veut d'avoir apporté cette horreur dans sa famille simplement en survivant. 

Heureusement, sa rencontre avec Spencer apporte un soupçon d'espoir et va enfin permettre de débloquer l'état d'Aaron resté inchangé depuis deux ans. Mais sa reconstruction sera difficile, lente et extrêmement fragile. Spencer, qui souffre lui aussi d'une grande solitude due à une déficience physique, saura le mener doucement mais sûrement sur la voie de la confiance, de la guérison et de l'acceptation de soi. 

J'ai apprécié que leur relation reste relativement platonique dans ce premier tome, rendant ainsi bien plus réaliste leur histoire et intenses leurs rapprochements physiques. Aaron doit reprendre confiance en lui pour retrouver son identité sexuelle, ce qui demandera au couple du temps.

J'ai également apprécié pouvoir suivre de façon aussi détaillée sa thérapie avec le Dr Thomas dont j'ai trouvé intéressante l'approche professionnelle. Il voudrait le sevrer de ses médicaments (prescrits par ses précédents médecins) et souhaite plutôt l'aider à apprendre à gérer ses crises au lieu d'en soigner les conséquences. J'ignore si l'auteure a fait des recherches sur le sujet, mais en tout cas je me suis délectée de leurs séances de thérapie, aussi difficiles à supporter fussent-elles. Le médecin ne fait malheureusement pas l'unanimité dans l'entourage d'Aaron pour des raisons que je tairai, et celui ci devra mener des combats imprévus pour défendre cet homme qui lui fait entrevoir l'espoir de devenir autre chose que cette coquille endommagée.

Il m’aide, maman. Plus que quiconque au cours des deux dernières années, sauf toi. Tu m’as aidé à respirer et à bouger à nouveau, mais il peut me faire vivre.

Comment parvenir à trouver la force de s'accrocher à la vie et de redevenir un être humain fonctionnel suite à un terrible traumatisme ? Voilà comment je définirai le contenu de ce roman émotionnellement puissant. Après quelques recherches, j'ai vu que le troisième tome de la série, Spencer (en vo à l'heure où j'écris), portait à nouveau sur notre couple Aaron/Spencer, mais trois ans plus tard. La lecture de son synopsis laisse présager encore beaucoup de difficultés, mais je le lirai malgré tout avec plaisir. 

Ma notation: 3.5/5