Plaisir Aveugle de Monica Burns

Plaisir Aveugle
de Monica Burns
Titre VO : Pleasure Me

VO:

Plaisir aveugle est l'un des deux titres inaugurant la nouvelle collection Aventures & Passions Sensualité.‬
‬ Alors attention, malgré la  vie sulfureuse que semble mener Ruth et ce que laisse présager le résumé (et le titre de cette nouvelle collection !), il ne faut pas s’attendre à un A&P torride donnant le rose aux joues ! La sensualité est bien présente que ce soit dans le jeu de séduction ou lors de l’initiation de Garrick, mais cela reste finalement très doux.

Abandonnée par son protecteur pour une femme plus jeune, Ruth Attwood, une courtisane expérimentée, est proche du désespoir. Ses plus belles années sont passées,  l’avenir s’annonce bien difficile  et la propriété qu’elle convoitait pour accueillir des petits orphelins risque de lui échapper. Quand Garrick Stratfield vole à son secours lors d’une soirée, Ruth est troublée mais tient à garder ces distances. Cet homme bien trop jeune pourrait faire d’elle la risée de la bonne société ou lui rappeler douloureusement sa jeunesse perdue, pourtant Garrick parvient peu à peu à faire céder les défenses de Ruth...

Une lecture qui m’a captivée dès les premières pages et même si l’intrigue s’essoufle quelque peu (le roman compte plus de 400 pages), j’ai apprécié cette histoire pour son originalité et ses personnages atypiques.
Tout l’attrait de ce roman vient du fait qu’ici les rôles sont inversés : une femme mûre, experte dans l’art de la séduction et du plaisir charnel, noue une relation avec un homme plus jeune et inexpérimenté.  
Ruth et Garrick ne cèdent pas tout de suite à la tentation, ils se débattent avec leurs réticences mutuelles et leurs actes sont souvent en contradiction avec leurs pensées. Il leur faudra du temps et de la patience pour s’apprivoiser. Ces  héros sont assez attachants, tous deux cachent des doutes et des peurs derrière la confiance qu’ils affichent en public. L'intimité qu’ils partagent leur permettra de s’accepter et de s’épanouir. Je regrette seulement que l'auteure n'ait pas davantage insisté sur la naissance du sentiment amoureux. 
Le bonheur de ce couple sera aussi menacé par des machinations qui permettent à l’intrigue de rebondir même si cela n’apporte pas grand-chose à l’histoire.
Les personnages secondaires sont assez peu présents mais leurs interventions ne passent pas inaperçues. Nous pouvons ainsi  croiser l'héroine d'un roman antérieur, Allegra, la meilleure amie de Ruth, et  j’avoue que j’aimerais bien découvrir son histoire (Kismet), tandis que la relation conflictuelle entre Lily, l’une des sœurs de Garrick, et son mari laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau roman... A suivre!

En ce moment, les romans, les films, les séries TV encensent la femme de 40 ans, comme il y a une décennie on le faisait avec celle de 30 ans. C'est bien, car même si on joue la carte de la tolérance, la femme amoureuse d'un homme plus jeune n'est dispensée, même à notre siècle, ni de raillerie, ni de sobriquets désobligeants comme "cougar" qu'on n'a jamais autant entendu que depuis qu'on lui reconnait, qu'en matière de plaisir et d'amour, elle n'a rien à envier aux hommes.

Dans ce roman, on avance prudemment. Elle a plus de 40 ans et l'accent est vite donné sur l'aigreur d'une société qui montre du doigt les sentiments d'une femme vieillissante. Elle souffre, est perdue et se pose toutes les questions qui tourmenteraient une amante de son âge vis-à-vis d'un prétendant plus jeune.

Sa fragilité n'en rend l'histoire que plus belle. Elle est posée bien que vulnérable et se perd malgré elle dans les tourments d'une dernière passion. Et encore, à ce moment, elle ne le croit son cadet que d'une poignée d'années...
Lui est profane, beau et éprouvé. Son personnage est celui d'un jeune loup égaré dans une première frénésie romanesque.

Je les ai aimés, tous les deux, même si le personnage de Garrick m'a semblé parfois peu crédible dans les raisons de son tourment. Mais ça ne fait rien. L'histoire est douce, sensuelle avec quelques scènes un peu plus ardentes que dans un A&P classique et moins fréquentes que dans un PI. Un bon compromis pour les grandes romantiques qui privilégient les sentiments à la chair épistolaire, mais qui ne sont pas contre d'avoir un petit coup de chaud de temps à autre...

Ma note :

    / 5