Au bonheur de ces dames - Angela Behelle

À 18 ans, Jérémy quitte le confort douillet et protecteur de sa campagne normande pour se lancer dans de brillantes études littéraires à Paris.

Alors quoi de plus normal pour ce jeune homme passionné de lectures que d’être irrésistiblement attiré par la librairie ancienne qui se situe juste sous ses fenêtres, de l’autre côté de la rue ?

Intimidé, hésitant, il attend, puis se décide enfin à pousser la porte.

Une clochette qui tinte, un parquet qui craque sous les pas, une odeur de bois, des livres par milliers, et, aux commandes de cette boutique hors du temps, une personne qu’il ne s’attendait pas à trouver là.

Un seul regard de Claudia, la voluptueuse libraire qui se cache derrière les étagères suffit pour que la vie de ce jeune puceau provincial bascule définitivement.

Fasciné par cette femme mystérieuse qui se propose de faire de lui un homme, Jérémy se soumet, corps et âme, à une lente et savoureuse initiation à tous les plaisirs de la chair.

Mais entrer dans l’univers de Claudia signifie également en accepter les règles et les secrets plus nombreux qu’il n’y paraît.

Au fur et à mesure qu’il pénètre l’intimité de sa sulfureuse maîtresse, Jérémy comprend qu’il a mis le doigt dans un engrenage aussi sensuel que dangereux.

Il n’est cependant pas certain qu’il ait envie de s’y soustraire. Au contraire. Son insatiable appétit d’apprendre le conduit, un livre de Zola sous le bras, à en réclamer toujours plus. Au risque, peut-être, de compromettre son avenir.

Au bonheur de ces dames est un roman érotique merveilleusement bien écrit, la plume d'Angela Behelle est tout simplement splendide. Certes, on avait un (gros) aperçu de son talent dans ses écrits précédents, mais là, elle se hisse à un tout autre niveau. Ce livre est un vrai bijou littéraire, qui m'a beaucoup fait penser aux romans d'apprentissages du XIXème siècle, le côté sulfureux en plus.
La plume est aussi dense, sensuelle et riche que l'univers dans lequel évolue Claudia, cette voluptueuse libraire qui va éveiller Jérémy, le héros, de bien des manières.

Jérémy est donc un tout jeune adulte, presque encore un ado finalement, qui vient "à la capitale" pour démarrer une prépa littéraire. Ce jeune homme brillant sort de sa Normandie natale et aspire déjà à un avenir plus ... glorieux que la moyenne. IL est ambitieux, mais la fougue de sa jeunesse, son manque de maturité et son envie d'en découdre le rend un peu trop impatient.

Sa rencontre avec la libraire d'en face de chez lui va s'avérer déterminante. Cette belle femme sexy et mystérieuse va éveiller en lui de désirs très forts.
Une relation va s'engager entre eux, Claudia va éveiller ses sens autant que son esprit, et Jérémy va tout apprendre du désir et du plaisir féminin entre ses bras, mais pas seulement ... Car la belle libraire tient également à faire de Jérémy un homme complet, elle le prépare en quelque sorte à l'avenir brillant auquel il est destiné.

Attention, il s'agit bien d'un récit érotique : les scènes sont très nombreuses, variées et fort détaillées, mais sans crudité ni vulgarité. J'avoue toutefois, sur la fin, avoir déploré le nombre trop conséquent de ces passages, mais c'est là un constat vraiment personnel.

Les personnages sont bien campés et évoluent réellement au fil des chapitres , que l'on ne voit pas défiler tant on se laisse prendre dans la lecture. Jérémy gagne en assurance, devient un homme, tout en gardant toujours cette part enfantine/boudeuse/impulsive ; tandis que Claudia reste toujours aussi majestueuse et mystérieuse, elle ne se dévoile pas beaucoup. Les personnages secondaires sont bien croqués également, et jouent un rôle non négligeable dans la progression du récit.

Finalement, la "star" de ce roman, c'est Claudia. L'auteur signe ici un très beau portrait de femme. La femme est ici sensuelle, voluptueuse, nourricière, tendre, protectrice. Une sorte de combo parfait de cette fameuse dualité maman/pu**in, sans sombrer dans le côté transgressif qu'on pourrait pourtant prêter très facilement à cette relation. Je la voyais comme ces belles actrices italiennes de la grande époque, genre Sophia Loren.

Spoiler:

Voilà donc un roman très bien écrit, charnel et littéraire, un joli équilibre pour tous les fans du genre !

♥ ♥ ♥ ♥/5

Le côté atypique de cette lecture m'a beaucoup plu. Les rôles homme/femme sont inversées : la femme est plus âgée et expérimentée, le jeune homme sort à peine de l'adolescence, il est encore vierge et n'a jamais vraiment montré d'intérêt pour le sexe opposé. Mais dès sa rencontre avec la librairie, il est attiré par sa sensualité et la séduction qu'elle dégage, par l'assurance de son comportement. Au début, il est timide et rougit facilement, et le vouvoiement instaure une barrière qui apparaît infranchissable tant ces deux personnes semblent différentes. Au fil des étapes, il gagne en confiance, c'est progressif, et cela ajoute de la crédibilité au récit. J'ai craint un moment qu'il ne retourne sa position de soumis en quelque sorte, qu'il prenne le dessus sur elle. Et même s'il est fier de ses performances, de sa virilité, c'est toujours Claudia qui tient les rênes de leur relation, bien plus que je ne l'imaginais. Elle se révèle une maîtresse exigeante, pas seulement dans l'aspect sexuel. En contrepartie de son apprentissage, il doit se consacrer à ses études et dédier du temps à sa famille. Au-delà de sa physionomie attractive, Claudia est un mystère qui recèle bien des secrets, et j'étais tout aussi curieuse que le protagoniste de les découvrir. La romance et les sentiments sont bien présents, mais n'ont rien à voir avec mes habituelles lectures de ce genre. Les scènes de sexe sont diverses, plutôt crues, mais pleines de volupté. Le livre se distingue vraiment en tout point, et ça fait du bien. Autour d'eux gravitent un certain nombre de personnages secondaires, qui participent tous à l'évolution du personnage principal ; j'ai été agréablement surprise par l'amitié qui se construit avec Thomas.

Au bonheur de ces dames narre une histoire originale, avec sa part d'érotisme et de mystère, dont seul le dénouement aura un peu refroidi mes ardeurs, mais dont je ne peux nier la cohérence de l'ensemble.

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