J'attendais avec impatience le nouveau roman de Garance de Jorna, que j'ai pu découvrir dans "Cœurs écarlates" sorti il y a plusieurs mois maintenant. Je ne savais pas de quoi il était question ici, mais le titre donne le ton de l'histoire et offre une piste sur ce qui s'y cache derrière.
Garance de Jorna nous offre un bout de la vie de Charlie, du moins ce qu'il croit en rester. Charlie peine à survivre suite à la perte de son frère Samuel, un frère qui représentait tout son univers, son pilier, son meilleur ami. Ce qui est encore plus difficile, c'est la culpabilité qui le ronge. Une aventure qui tourne au drame, un pari, puis le noir, le silence.
C'est à ce moment que nous faisons la connaissance de Charlie, dans son silence. Une rencontre va le bousculer, tout doucement, au fil des jours, celle de Esteban.
J'ai aimé Charlie, ce jeune homme blessé, autant physiquement que psychiquement, un jeune homme qui souffre, tous les jours, un jeune homme malade. J'ai aimé Esteban, ce jeune homme si lumineux, si solaire, qui porte la gentillesse sur le visage que j'imaginais sans mal. J'ai été touchée par sa spontanéité, son bras tendu envers Charlie, sa délicatesse, patience, mais surtout sur ce qui se cache derrière cette façade lumineuse.
J'ai aimé aussi Samuel, qui a une place à part entière dans le récit. Une place discrète, bienveillante, celle du troisième personnage principal. Samuel, c'est la main posée sur l'épaule de Charlie. J'ai tellement aimé la façon dont l'auteur nous a retranscrit la relation fraternelle, comment elle a mis en valeur cette âme bienveillante, alors que son absence est à l'origine des maux de Charlie.
Les trois jeunes hommes gravitent ensemble, tout le long. Comme je le disais, j'ai aimé voir ce lien si puissant existant entre les deux frères. On le sait bien évidemment dès le début, mais l'auteur nous le démontre à chaque page, à presque chaque parole, cri, ou murmure de Charlie, qui l'interpelle tout le long du roman. Les flashbacks sont bien insérés dans le texte, j'ai aimé la façon dont ils ont été construits d'ailleurs, sous le point de vue de Charlie.
La relation de Charlie et Esteban évolue de la plus jolie des façons, mais c'est une belle amitié et complicité qui va naître en premier lieu. La romance est belle, naturelle, mais j'ai presque envie de dire que ce n'est pas le plus important, selon moi, dans cette histoire.
Garance de Jorna donne la parole à de jolis personnages secondaires aussi. Zachary, le meilleur ami, qui, malgré son tempérament, est toujours présent pour ses deux amis, Charlie et Sam. Jeanne, toujours bienveillante, qui épaule son patient. Mais aussi tous ceux rencontrés à leurs réunions, à l'atelier...
La plume de l'auteur est toujours aussi belle. Elle manie si bien les mots, qui se transforment en poèmes, en notes musicales. Des mots qui appuient là où ça fait mal quand il le faut, des notes en corrélation avec le mal être de Charlie, sa colère, son anxiété. Le traitement du deuil est toujours délicat, me concernant, et je trouve que les mots de l'auteur étaient très justes.
J'ai aimé sa mise en lumière de la maladie de Charlie, de son combat quotidien, de ses chutes, rechutes, et de tous ceux qui luttent en général. J'ai aimé son doigt d'honneur à tout ceux qui pensent qu'il suffit de se secouer pour aller mieux, à ceux qui croient que la perte d'un être cher ne laisse pas de traumatismes, à ceux qui s'arrêtent sur une image sans creuser derrière le mutisme ou à l'inverse, la jovialité.
L'auteur nous offre un bout du combat de Charlie, un combat qu'il n'est plus obligé de mené seul, une construction de chaque jour, pour lui et Esteban, deux jeunes qui se laissent le choix d'aimer et d'être aimer.
J'ai beaucoup aimé ce roman, ainsi que cette fin (fin que j'avais peur de lire pour être honnête lorsque je la savais imminente), le dernier chapitre, les dernières lignes... Continue Charlie !