Kerrigan Byrne revient avec Lady le jour, joueuse la nuit, le deuxième tome de sa série "Amitié", qui met en lumière trois femmes dont l'amitié a été forgée dans la douleur et la reconnaissance mutuelle de douloureux moments que chacune ont vécu dans leur passé.
Cecelia ne fait pas exception à la règle, elle a vécu une enfance traumatisante, mais, telle Cendrillon, enfant elle a reçu la visite d'une bonne fée et à partir de ce moment-là, sa vie a changé. Cecelia est une scientifique, une femme brillante et passionnée, généreuse et très dévouée envers ses amis, et plus généralement envers ses proches. Le résumé pourrait laisser entendre qu'elle est libertine ou du moins ... libérée, mais ce n'est pas le cas, disons plutôt que Cecelia se voit comme une femme libre de ses choix, quels qu'ils soient.
Cassius, ou plutôt "monsieur le juge en chef de la Haute Cour" est un homme froid, guindé et prude. Bien décidé à ne pas être comme sa mère, il bannit de sa vie toute joie, tout divertissement, et a un code moral des plus stricts, il est moralisateur à souhait et a une vision extrêmement binaire des choses. Sa rencontre avec Cecelia va mettre à mal tous ses principes ...
Comme souvent chez Kerrigan Byrne, nous avons un roman avec des héros profondément marqués par la souffrance. Leur personnalité et leur force de caractère témoignent des sévices que l'un et l'autre ont pu subir au cours de leur enfance. Cette autrice est toujours aussi forte pour mettre en scène des personnages au passé sombre, elle n'y va pas de main morte, et va jusqu'au bout de son propos, on sent qu'elle aime écrire sur les âmes brisées, et montrer comme l'amour et/ou l'amitié peuvent ramener à la lumière ces âmes qui auraient pu s'égarer en chemin.
La romance est passionnée, un peu brute aussi, on est typiquement dans le thème des contraires qui s'attirent. Compte tenu de la double identité de Cecelia, j'ai vraiment apprécié le choix de Kerrigan Byrne concernant cet aspect-là du récit, parce qu'elle va à rebours de ce que font généralement ses consœurs et offre là à ses lectrices une proposition différente, et je ne peux que saluer ce choix. Malheureusement, je trouve que l'intrigue n'est pas suffisamment aboutie, et que beaucoup (trop) de questions restent sans réponse. Hormis accentuer "l'ironie du sort" concernant la filiation d'un certain personnage, je ne vois pas l'intérêt de ce choix, qui est trop commun et mélodramatique à mon goût. Hélas, la fin me laisse un goût d'inachevé, je me demande si on en saura davantage dans le dernier tome de cette série (qui s'annonce, au demeurant, fort passionnant) mais j'en doute.
Un bilan mi-figue mi-raisin donc, cependant, j'apprécie les choix que fait cette autrice en matière de personnalité de ses héros, j'aime le fait que ses personnages aient cette part d'ombre, et j'aime les voir lutter avec celle-ci, au lieu de s'en affranchir comme si de rien n'était pour devenir quelqu'un de "normal".
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